samedi 5 novembre 2011

Dehors novembre

J'espère qu'André Fortin et ses ayants droits ne verront pas d’inconvénient à ce que je lui emprunte ce titre. Il colle bien avec mon état d'esprit actuel et le morceau de musique va aussi bien à ce nuageux samedi après-midi. Pour ceux qui ne connaissent pas un tour sur You tube vous permettra d'écouter ce morceau.

Il y a des phrases fortes dans cette chanson, qui sonnent encore plus en ce moment:

L'histoire du monde pis mon histoire sont mélangées
J'viens juste de r'vivre cent mille autres vies en une seconde
Toutes mes conneries pis l'ambition d'l'humanité
Ça r'vient au même, y'a pas d'coupable, y'a pas de honte

OK, OK OK je sais vous allez vous dire que votre copain l'ours fait un coup de déprime à l'entrée de sa tanière pour sa période nécessaire d’hibernation... mais ce n'est pas vraiment ça. C'est un de ces samedis où je profite pour me poser avec ma Belle. La petite semaine de travail que je viens de vivre s'évacue lentement derrière moi. Et puis il y a ces images de la crise qui arrive qui tournent et tournent encore dans ma tête. Jusqu'où tout ceci va t-il aller? Jusqu'au nos vies vont elles être impactées? Jusqu'où ce que nous connaissons aujourd'hui va t-il changer? Allons nous enfin sortir de ce modèle qui broie et tue les plus faibles pour donner toujours plus à ceux qui n'en n'ont pas vraiment besoin. A quoi ça sert de se donner du mal au travail pour peut être n'être plus demain qu'un pion qu'une main qui se dit invisible jettera à bas de l'échiquier.

Avons nous en nous cette force et cette sagesse qui va nous permettre d'imaginer et de créer un monde nouveau où l'argent est un outil et non une fin, où l'homme est remis à sa place, au centre de l'économie et où chacun pourra dignement gagner sa vie par son travail? Je rêve je sais... mais en même temps si nous ne nous posons pas maintenant des questions fortes sur notre avenir qui fera les choix à notre place? Les banquiers qui après s'être enrichis en prêtant de l'argent aux Etats gagnent aujourd'hui énormément d'argent en spéculant contre eux. Dire qu'en 2008 ces mêmes banques ont été sauvées de la faillite par ces même Etats... Quelle ironie et quelle leçon pour nos grands gouvernants qui croyaient à l'époque tant dans les vertus du tout libéral. 

Aujourd'hui je sais que nous allons passer des mois difficiles, la dette cumulée doit être payée, c'est à nous les trentenaires actifs de solder les dettes que nos parents ont accumulé pour nous, même si une grosse part de cette dette est aussi récente liée à des politiques fiscales douteuses où tout est bon pour réduire les charges et les impôts des plus riches. En face les services et aides pour les plus fragiles ont été supprimés pour tenter d'équilibrer des budgets toujours plus tendus.  Est-il normal d'hypothéquer l'école des enfants, la recherche fondamentale et les universités afin de faire économiser de l'argent aux entreprises et aux plus aisés? Est il normal dans notre pays que des personnes âgées touchent des pensions qui leur permette à peine de survivre? 

A qui profite la situation? Aux happy few qui vivent grassement sans travailler à spéculer sur la chute de telle société, de tel ou tel pays. Un slogan sur une affiche un jour m'avais interpellé. Il y avait un jeune homme d'origine africaine au milieu d'une terre fatiguée, et un slogan: "tu mangeras quand tu seras compétitif". Il résume bien l'avenir de notre monde si nous n'y prenons pas garde. Alors oui à quelques heures de l'hiver, oui j'ai envie que ce monde change, j'ai envie que nos Etats incapables de s'entendre sur une stratégie globale de développement laissent la main à une vraie Europe fédérale où nous aurons tous un niveau de vie et des conditions de vie similaires. Oui j'ai envie que cette Europe redevienne le creuset d'une société plus juste, reconstruisons nos usines, oui nous sommes capables de produire de beaux produits, oui nous sommes capables de créer des nouveaux brevets, oui nous sommes capables de donner au monde une leçon de justice sociale.

C'est pour ça que je cherche chaque jour à acheter à des producteurs locaux, voire très locaux. Oui je regarde où a été fabriqué mon textile, oui je regarde comment a été produit ce que j'achète et je mange. OK oui ça a des conséquences sur mon budget, oui je pourrais acheter des produits équivalents et moins chers... Mais cela veut dire que je contribuerais à mettre au chômage des européens et donc qu'une partie de mon revenu sera nécessaire pour payer leur assurance chômage... alors oui je préfère payer plus et aider des tas de gens biens à continuer à faire bien leur travail et à gagner chaque jour l'argent qui leur tombe dans la poche.

J'ai trop longtemps refusé de comprendre que ma consommation était la base de la politique de mon Pays, c'est pour cela que les deux dernières lignes de la chanson dehors novembre que je cite plus haut me tournent beaucoup dans la tête en ce moment... il n'est pas trop tard pour être moins con et mois ambitieux, je m'y applique et implique chaque jour
Soyez heureux autant que possible et prenez soin de vous!