jeudi 16 décembre 2010

Le capital ou les intérêts ?

Qui ne s'est jamais retrouvé devant un banquier à parler âprement de la notion de capital et d'intérêts. Dans notre monde "moderne" l'avenir de beaucoup repose sur ces notions d'intérêts, sur la capacité de remboursement etc. La crise que nous vivons aujourd'hui n'est liée qu'à la perte de confiance des prêteurs dans la capacité des emprunteurs à rembourser (sub primes, dettes des Etats, réformes pour maintenir la notation AAA des pays etc...). 

L'ours que je suis est assez amusé de voir combien cette notion d'intérêt gouverne notre système économique, pilote notre modèle social et inquiète au plus haut point la plupart des acteurs économiques. C'est dire l'importance de ces notions qui, d'un certain point de vue, sont assez virtuelles (l'argent stricto sensu est d'une certaine façon quelque chose de très virtuel, la valeur d'un billet est très supérieure à celle du morceau de papier coloré qu'il est en réalité). Là ou je suis toujours surpris c'est que ce qui inquiète l'humanité au plus au point dans certains domaines la laisse complètement indifférente pour d'autres domaines tout aussi importants.

Posons nous la question des choses fondamentales à la vie: l'air, l'eau, le manger: ce sont les éléments indispensables à la vie, donc à l'économie. Pourtant tout dans notre gestion démontre que nous ne savons pas faire la différence entre le capital et les intérêts. Un exemple. La région parisienne est alimentée par la nappe de Champigny. Cette nappe fait l'objet d'un suivi continu et nous savons que depuis plusieurs années son niveau baisse. Elle est toujours à un niveau inquiétant cet hiver. Pourtant cette baisse du capital ne semble pas inquiéter plus que ça mes contemporains, les cultures gourmandes en eaux sont toujours plantées, l'imperméabilisation des sols continue et personne ne se pose la question de savoir si à terme elle sera encore capable de subvenir aux besoins de l'Ile de France.

En fait c'est un peu comme si notre alimentation dépendait d'arbres fruitiers, mais que l'on utilisait également ces arbres pour se chauffer l'hiver. Si on utilise l'hiver juste le bois issu des coupes pour l'entretien et l'exploitation des arbres (les intérêts) on peut penser éviter à terme la disette et le froid, par contre si on coupe de nombreuses branches pour être bien au chaud devant la cheminée (le capital) on risque à terme d'avoir faim et froid.

Dans le film la forêt d'émeraude, les "blancs" sont appelés par les tribus "sauvages" les termites. L'image est belle, nos modèles nous poussent à manger la forêt plutôt que de vivre en harmonie avec elle grâce à ses fruits. 

Je sais que cette notion d'équilibre est assez difficile à mettre en œuvre et implique pas mal de sacrifices. Cela veut dire qu'il faut savoir se contenter de moins (avoir un peu moins chaud l'hiver pour avoir des fruits au printemps), savoir être raisonnable dans sa consommation (ne pas manger tous les fruits d'un coup) et surtout adapter l'offre et la demande. Cela fait des années que je ne comprends pas pourquoi on refuse de comprendre que les ressources de notre terre sont limitées. Même si on est capable de pomper le pétrole à des profondeurs incroyables, même si on est capable de pécher les poissons des grandes profondeurs, même si on est capable d'élever des animaux sur quelques mètres carrés il y a nécessairement un moment où le modèle bloquera. Un jour il n'y aura plus de pétrole (donc plus de chimie et de médicaments), plus de gaz, plus d'uranium (plus d'électricité)... Au final impossible d'élever des animaux en hors sol, plus possible de faire des fruits et légumes sous serre... Il faudra alors vivre avec la nature (si tant est que nous lui ayons laissé une chance de continuer à vivre entre deux décharges de produits toxiques et la guerre qui fera rage pour la domination des derniers champs de pétrole). 
Doit on attendre d'être dans le mur pour penser et vivre autrement ?

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